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L’avenir de la contraception testiculaire: dépasser ensemble les tabous et les secrets du corps masculin

Le tabou défini les pratiques sociales, les conduites ou les actions interdites, censurées ou invisibilisées par une société humaine, en raison de questions culturelles, sociales ou religieuses. Le tabou touche les interdits majeurs, tout ce qui semble anti-naturel, qui met en jeu la survie de l’espèce, la civilisation ou le pouvoir en place. En 2020, doit-on encore considérer la contraception masculine comme taboue, et réduire le champs d’action des hommes contraceptés, reclus au secret et au privé ?   Dans cet article, nous aborderons les freins à une contraception plus partagée, les tabous sur les corps féminins et masculins, les résistances au changement, à la marge et à l’innovation. Et nous interrogerons le futur de la contraception masculine.

Les limites de la contraception féminine : l’obligation contraceptive

  La contraception féminine est légalisée depuis 50 ans. Juste le temps qu’il faut pour pouvoir commencer à analyser ses implications sociales, sanitaires et psychologiques dans la vie des femmes et de leurs couples.   S’il est impossible de remettre en question l’apport majeur de la contraception féminine dans l’accès à l’indépendance financière et le choix de disposer librement de son corps, il semble que l’on soit passé à côté d’un aspect fondamental de la contraception : elle pourrait se réfléchir et se pratiquer à deux.   Passée la période de liberté sexuelle et de jouissance sans entraves, le préservatif s’est imposé pour lutter contre les IST et les seules femmes à pouvoir bénéficier du confort contraceptif sont des femmes en couple et fidèles.   Sans homme, pas de contraception. Pourtant, au fil des années, les femmes portent seules la charge contraceptive et la vivent comme une obligation, une évidence. Certaines en souffrent, d’autres préfèreraient se reposer sur leurs compagnons, dans les transitions comme la période post-partum, par exemple, ou en fin de fertilité, dans les années qui précèdent la ménopause.

La contraception de couple : une plus grande liberté de choix contraceptif

  La contraception du couple est devenue un enjeu de société, où la liberté de choix s’oppose à l’obligation contraceptive, pour les femmes comme pour les hommes.   La contraception masculine, prise en charge par les hommes, propose une alternative pour le couple, en complément ou en relais des méthodes habituelles. Elle offre également la possibilité aux hommes de choisir eux-même la période de leur fertilité.

Le corps des hommes dans la sexualité et le médecine

  Alors que le corps des femmes est le centre de la fonction reproductive, il a été traité par la médecine dans son aspect fonctionnel depuis des siècles. Ce n’est que récemment que la fonction plaisir a été découverte et explorée.   Le corps des hommes a donc complètement été évacué du champ contraceptif. Ce n’est qu’avec le constat du déclin de la fertilité masculine que des études ont émergées pour tenter de comprendre ce phénomène.   Pourtant, un corps masculin est toujours fertile, de l’adolescence à la mort, les hommes ne connaissent pas d’arrêt franc et définitif (hors troubles reproductifs) de leur spermatogenèse. Les méthodes disponibles sont mécaniques (préservatif, coït interrompu ou abstinence) mais ne prennent pas en compte la physiologie de la production de semence et la fonction reproductive dans son ensemble.   Dans le cadre de la prévention des IST ou dans le fonctionnement normal de leurs appareils reproductifs, les hommes n’ont pas d’interlocuteurs privilégiés de routine, comme les femmes avec leur gynécologue, qu’elles sont tenues de visiter une fois par an au minimum. Médecin généraliste, dermatologue, urologue : le parcours de soin pour l’accès à la santé sexuelle masculine n’est pas clairement définie.

La contraception masculine: le chaînon manquant dans la problématique de l’équité homme-femme

Dans les enjeux de société des rapports homme-femme de ces dernières années, la place des hommes est sans cesse questionnée. La contraception masculine apporte un élément de réponse, partiel, mais pourrait bien changer les rôles en les équilibrant.

Reste alors à créer un langage, un vocabulaire, des mots pour ce qui n’existe pas encore : homme contracepté, contraception testiculaire, slow contraception, etc. Mettre des mots sur la contraception masculine quand la société fait silence, c’est visibiliser le deuxième acteur majeur de la contraception et sortir le corps masculin du silence et de l’inaction.

Méthode : La recherche-action au service de la contraception masculine

  Action, expérimentation et interventions : tels sont les outils à l’oeuvre dans les recherches dans le domaine de la contraception thermique masculine ces 40 dernières années.   Un des meilleurs moyens de contourner les tabous est de changer les habitudes et de créer une culture de la contraception masculine, par la preuve sociale.    

Penser et dépasser les freins sociaux-culturels

  La contraception a toujours été une affaire de femmes. Mais le monde a évolué, et malgré de fortes résistances au changement, des techniques contraceptives utilisables par les hommes commencent à émerger.   Comme l’a rappelé le Pr Thierry Troussier, médecin de santé publique sexologue, lors du Congrès ANCIC 2019 :

  • 90 % des hommes pensent que la contraception est autant l’affaire des hommes que des femmes ;
  • 61 % sont prêts à tenter à tenter une pilule contraceptive masculine ;
  • Pour la contraception masculine thermique (CMT), après information auprès des usagers et formations des professionnels, 29 % sont prêts à l’essayer et 40 % à la prescrire.

Il est donc essentiel de comprendre les résistances, les obstacles et les freins, pour adapter une réponse satisfaisante et trouver les outils qui permettront aux hommes qui le souhaitent d’avoir accès à une contraception masculine convenable.

Où en est la recherche en contraception thermique masculine ?

  La contraception testiculaire fait l’objet de recherche-action depuis plus de 40 ans. Issue de groupes d’hommes et d’utilisateurs convaincus, elle a été l’objet de plusieurs études cliniques, dont la validité des résultats est limitée par un faible nombre de participants.   Les études déjà menées et les essais cliniques à petite échelle ont néanmoins donné des résultats encourageants. Cette méthode est prometteuse :  

  • fiable à 99 % ;
  • très peu d’effets secondaires ;
  • des contre-indications limitées ;
  • des outils de plus en plus simples d’utilisation ;
  • un protocole thermique bien défini.

De quoi a donc besoin la contraception masculine thermique aujourd’hui ?

  • pratiquer des études cliniques à une plus grande échelle ;
  • bénéficier d’un avis favorable de la commission bioéthique quand à une mise sur le marché officielle ;
  • permettre une intégration des méthodes masculines dans les pratiques médicales des professionnels de la sexualité.

Les réalités du terrain et les artisans du changement

  À l’origine de la découverte de la contraception masculine thermique, il y a des hommes, avec de réels besoins pratiques, pour eux, pour soulager leurs compagnes et pour leurs couples. Chaque jour, un homme découvre les pratiques contraceptives masculines, il y a de plus en plus d’hommes contraceptés. Quels sont leurs interlocuteurs ? Les plannings familiaux, les médecins traitants, certains CHU se forment doucement. Mais parfois, certains hommes se retrouvent isolés : comment les soutenir dans leur démarche ? Il reste à faire de la CMT une méthode accessible aux utilisateurs accompagnés par des professionnels de santé.

Innovation et résultats : Un nouveau départ pour la contraception masculine thermique

  Les résultats des premières recherches et des actions entreprises par des groupes de citoyens et des individus ne sont en réalité qu’un point de départ. Si la contraception masculine thermique est une méthode fonctionnelle plébiscitée par ses utilisateurs,  il reste encore à obtenir le soutien et la validation des autorités médicales compétentes.   La contraception masculine thermique est une proposition concrète de contraception masculine temporaire. Non-chirurgicale, elle complète la vasectomie, qui reste peu accessible aux hommes jeunes qui n’ont jamais eu d’enfants et qui est donc proposée comme une solution contraceptive permanente.

Une méthode contraceptive qui échappe aux scandales sanitaires

  La contraception masculine thermique, parce qu’elle repose sur le rythme naturel de la spermatogenèse, offre une possibilité de contraception non-chimique, sans hormones ou ingestion de produits dont il faudra des décennies pour tester les effets secondaires.   2019 a été une année importante dans les innovations en matière de contraception masculine, le RISUG indien ou la pilule masculine américaine sont toujours en cours d’expérimentation, avant de pouvoir être mis sur le marché. En France, nous avons une contraception masculine réversible et fonctionnelle, utilisable très prochainement, avec très peu d’effets secondaires, qui permet d’augmenter le choix contraceptif et de l’adapter à chaque cas particulier.

Une contraception de couple éthique en accord avec la stratégie nationale de santé sexuelle

  Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité, ce n’est pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination et ni violence. Pour atteindre et maintenir une bonne santé sexuelle, les Droits Humains et Droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et réalisés ». La contraception thermique masculine est une réponse tangible aux besoins des utilisateurs, des hommes, des femmes et des couples, dans le respect d’une sexualité équitable et la garantie du choix contraceptif. Elle offre une plus grande liberté d’action :

  • évoquer le fonctionnement du corps masculin dans sa fonction reproductive est une occasion rêvée pour les jeunes de comprendre le fonctionnement de leur corps, pour en prendre soin dans le cadre d’une contraception comme pour améliorer sa santé reproductive (spermatogenèse, hygiène de vie, bonnes pratiques corporelles) ;
  • parler de contraception de couple permet une autre entrée vers les infections sexuellement transmissibles (IST) ;
  • offrir aux femmes une alternative en matière de contraception et leur proposer un vrai choix contraceptif, pas seulement centré sur leur propre corps ;
  • promouvoir la recherche, les connaissances et l’innovation en santé sexuelle.

Conclusion : De quoi avons nous besoin ?

  La question de la contraception testiculaire met en mouvement toutes les questions d’éthique, de pratique clinique, de recherche et de transmission de savoir.   L’implication des universitaires, des praticiens, des médecins, des non-médecins, des enseignants, des enseignés, des hommes et des femmes est essentielle, dans un esprit et une action commune, pour faire avancer cette question fondamentale de l’évolution de notre société vers davantage d’équité entre les hommes et les femmes.

Développer une stratégie d’accès pour la contraception de couple en général et masculine en particulier

  La contraception masculine a besoin d’espaces de formation dans les structures de soin, auprès des professionnels et des accompagnants en lien avec le public :  

  • mettre en place des données en lignes pour donner accès aux ressources, diffuser les protocoles, mettre en avant les bonnes pratiques ;
  • créer des publications pour rassurer, partager et échanger ;
  • créer et organiser des formations, des lieux d’échange et de partage d’expériences.

Proposer un outil concret pour la contraception thermique masculine

  Pour atteindre le grand public, la contraception masculine thermique a besoin de créer un outil validé par des professionnels de la santé sexuelle (expérimentation, soutien des médecins de généralistes et de certains andrologues) : des outils efficaces, ergonomiques et confortables. Mais également, développer et simplifier l’accès au protocole de la contraception testiculaire thermique.

Intégration de la contraception testiculaire dans les pratiques professionnelles

  Il est essentiel, pour l’avenir de cette méthode contraceptive, d’accompagner les changements sociétaux et les faciliter pour que la contraception testiculaire s’intègre aux pratiques professionnelles des acteurs de la santé sexuelle. Pour qu’une contraception partagée puisse voir le jour, le soutien des praticiens de santé sexuelle est primordial.