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Le choix contraceptif : pourquoi adopter un autre regard sur la contraception ?

La sexualité hétérosexuelle ne peut se réduire à l’acte de pénétrer vaginalement et/ou à l’éjaculation. Entrer en amour physique, c’est pénétrer dans un espace d’une multitude de gestes et mouvements aussi vastes que l’univers. C’est ce que nous apprennent notamment les pratiques sexuelles tournées vers le tantrisme. Si la pénétration a longtemps été synonyme de rapport sexuel vrai et authentique dans l’imaginaire culturel officiel, de plus en plus d’hommes et de femmes remettent aujourd’hui en question ce diktat sexuel et explorent d’autres formes de sexualités.

Néanmoins, pour tous les couples hétérosexuels en âge de procréer, la question de la contraception, du désir et du choix du moment d’une grossesse, reste un problématique centrale de la sexualité. Pour beaucoup d’hommes, la contraception était une affaire de femmes, mais avec l’avancée des recherches sur l’anatomie féminine et masculine, les chercheurs découvrent qu’il est possible que la contraception ne soit plus uniquement à la charge des femmes.

Pourquoi, à une époque où l’homme s’apprête à conquérir Mars, la contraception masculine n’est-elle pas normalisée et habituelle ? 

Qu’est-ce que la contraception aujourd’hui ? Où en est la contraception masculine ? Quels sont les critères qui caractérisent un bon système contraceptif ? 

Voici un dossier complet et documenté qui passe en revue une énorme partie des informations de base sur la contraception en
général et masculine en particulier. Nous l’avons voulu exhaustif, pour vous permettre d’avoir toutes les informations nécessaires pour prendre une décision éclairée en matière de contraception féminine, masculine ou de couple. Le choix contraceptif est fondamental pour construire une sexualité plus égalitaire et plus libre, pour tous.

Comment choisir une méthode contraceptive ?

Le choix contraceptif se situe au carrefour de la santé et du vécu de la femme et/ou du couple, de la sexualité, du désir d’enfant, des représentations et des normes socioculturelles et religieuses. Ce choix peut varier en fonction de l’âge et de l’étape de vie, de l’état de santé et du mode de vie. Bien que ce concept soit rarement mis en avant, une juste contraception est une contraception choisie de manière libre et éclairée.

Les critères à connaître pour choisir sa contraception en conscience :
Chaque méthode contraceptive comporte des avantages et des inconvénients qu’il est important de connaître. Pour choisir une méthode contraceptive en conscience, il est utile de connaitre les critères qui aident au choix :

• efficacité : ce critère dépend en grande partie de l’utilisation adéquate de la méthode, il est donc important de bien comprendre tous les usages liés à une méthode contraceptive ;
• réversibilité : la stérilisation est un choix radical et irrémédiable, pour qu’un choix reste ouvert, il faut pouvoir revenir dessus, d’où la notion de réversibilité ;
• sans effets indésirables : la santé ne doit pas être impactée par un choix contraceptif, mieux vaut choisir, en fonction de son propre métabolisme, une méthode contraceptive la moins intrusive possible ;
• acceptabilité : une méthode libre choisie et consentie sera mieux vécue et acceptée ;
• coût : il est important qu’une méthode de contraception soit accessible financièrement ou remboursée par un organisme de santé.

Peut-on associer plusieurs méthodes contraceptives ?

Varier et adapter les méthodes durant son parcours contraceptif est une réflexion fertile. Chacun des deux partenaires est responsable de sa fertilité et de sa contraception, et pouvoir remettre en question son type de contraception habituel permet de revisiter les bases de son équilibre relationnel et sexuel : est-il juste et équitable ? Un modèle inclusif et mutuel où chacun utilise la méthode qui lui convient en même temps est
tout à fait envisageable. Il est clair que coupler deux méthodes contraceptives naturelles, l’une dite féminine et l’autre dite masculine donnerait des efficacités théoriques et pratiques supérieures à chacune des méthodes prises séparément. A quand l’avènement des présentations des méthodes combinées ou hybrides dans les modèles contraceptifs actuels ?

Qu’est-ce que la première consultation de contraception ?

“Comme les contraceptifs sont des médicaments, cette visite médicale doit permettre de vérifier que la personne peut prendre sans risque le contraceptif qu’elle souhaite.” (extrait ChoisirSaContraception ) Cette visite est prescrite par le médecin généraliste et se fait avec un spécialiste, un gynécologue la plupart du temps.
Les mentalités évoluent, mais il est important de savoir que de nombreux médecins ne sont pas favorables ou bien formés sur la question des contraceptions dites naturelles. Il est fréquent pour des personnes souhaitant s’approprier leur contraception de devoir faire face à un médecin peu compréhensif qui ne vous accompagnera pas sincèrement dans votre projet contraceptif. Il est donc important, si vous estimez être ferme et convaincu par votre choix d’une contraception alternative, de bien se préparer à votre rendez-vous médical en vue de la mise en place d’une contraception. D’où l’intérêt d’une consultation pré-contraception naturelle, pour mieux vous approprier les outils et les différentes options disponibles.

Comment envisager une consultation dans le cadre d’une contraception naturelle ?

Comme les contraceptifs naturels ne sont pas des médicaments, nous pourrions proposer la création de la première consultation pré-contraception naturelle avec ou sans outil de couple comprenant :
• Rappel des concepts de la prise de décision libre et éclairée et de la non jugeabilité des choix individuels ou de couple;
• Explication des critères d’eligibilité des méthodes contraceptives, de l’adaptation au parcours de vie, et de la variabilité des méthodes pour limiter les pathologies secondaires et les risques au long terme;
• Présentation des méthodes naturelles;
• Présentation du modèle hybridé ou inclusif des contraceptions pour une amélioration de l’efficacité théorique et pratique;
• Apport de connaissances anato-physiologiques ;
• Evaluation du choix individuel ou mutuel, fait par un professionnel, au regard des bénéfices/risques;
• Prise en compte de l’individu et du couple, avec un temps dédié en individuel et un temps en couple;
• Proposition d’un bilan de santé (dépistage IST par exemple).

Une nouvelle catégorisation des contraceptions:

Voici comment nous pourrions envisager une nouvelle catégorisation des contraceptions au regard du degré de médicalisation intrinsèque :
• Degré de médicalisation faible : avec des méthodes naturelles avec ou sans outil, souvent ancestrales, collaboratives et demandant une mise en relation importante de l’usager avec son corps. Ici, les charges mentale, physique, et émotionnelle peuvent peser lourdement, (car les indices d’efficacités sont généralement plus faibles qu’avec les méthodes médicalisées,) et se combine avec un degré de responsabilisation important et une nécessaire compétence à acquérir.
• Degré de médicalisation fort : avec des méthodes artificielles, souvent invasives, occlusives, médicamenteuses, chirurgicales,
avec des risques associés non négligeables. Ces méthodes sont chimiques, modernes, individuelles, et demandent peu ou pas de mise en relation de l’usager avec son corps. Les charges mentale, physique, et émotionnelle y sont importantes aussi, mais différemment, tout comme pour le degré de responsabilisation.

Cette approche centrée non plus sur le genre, masculin ou féminin, mais sur le degré de médicalisation, faible pour les méthodes dites naturelles avec ou sans outil, et fort pour les méthodes dites artificielles, aurait un impact social non négligeable sur :
• les pratiques,
• l’équilibre bénéfices/risques,
• le coût social et financier des parcours contraceptifs,
• une meilleure gestion de la fertilité,
• une amélioration de la santé des femmes et des hommes,
• une redécouverte de la connaissance intime, de soi et de l’autre.

La contraception n’est pas une maladie

En vertus de la liberté de disposer de son corps, de choisir librement sa contraception et de la définition de la liberté qui “consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui”, il serait intéressant de questionner l’obligation de tout dispositif à visée contraceptive, d’être considéré comme un médical et donc de suivre le même parcours long et coûteux que celui du médicament, à savoir un normage CE et une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché).
Une nouvelle approche, à minima pour les moyens contraceptifs naturels, pourraient être envisagées, en tenant compte des réussites et des échecs passés, et en proposant un parcours ou filière simplifié, tout en conservant une démarche de qualité et de sécurité, au regard de la
finalité desdits moyens, quant au choix des moyens éligibles de cette nouvelle ère contraceptive.
Le timing de mise sur le marché d’un médicament est long
La première étape d’un protocole de mise sur le marché d’un médicament ou d’un dispositif contraceptif est celle de la découverte avec une
phase d’optimisation : une vingtaine de produits y sont testés ; une trentaine d’universités et de centres de recherche dans le monde entier y
travaillent;
La deuxième étape : développement avec développement préclinique:
• phase 1 (4 ans) : essai sur l’homme (DMAU injectable par ex),
• Phase 2 (6 ans) : sécurité & efficacité (nestorone & testosterone gel avec le Population council & dMAU oral par ex),
• Phase 3 (4 ans): mise au point, précommercialisation,
La troisième étape (2 ans) : AMM (Autorisation de mise sur le marché);
Il ne faut donc pas compter avoir des mises sur le marché avant 2030 , ce qui rend très attractives les deux méthodes « françaises» utilisables avec des médecins se référant aux protocoles des Dr Soufir et Mieusset.” Extrait de la Newsletter AFC “Un sujet d’actualité : la contraception masculine”, oct 2018.

Les méthodes naturelles et faiblement médicalisées ne pourraient-elles pas bénéficier d’un parcours différent de celui du médicament ?

Les 4 critères incontournables d’une méthode contraceptive

Pour mieux comprendre où en est la contraception masculine aujourd’hui, il est très instructif de lire cet extrait de l’Association Française d’Urologie – Référentiel du Collège – Contraception masculine : “La contraception masculine comprend des moyens contraceptifs et la stérilisation. La définition de la contraception est : «méthode permettant d’obtenir une fécondité nulle». La stérilisation est un terme plus général signifiant : « méthode détruisant les micro-organismes ». Ainsi, il existe la stérilisation à visée contraceptive. La stérilisation féminine ou masculine est un acte chirurgical, réalisé par un médecin en établissement de santé public ou privé (hôpital ou clinique). C’est une méthode contraceptive qui se distingue profondément des autres méthodes existantes car son objectif est d’empêcher de manière définitive la procréation. Il convient de la considérer comme irréversible.

La spermatogenèse a lieu dans les testicules à partir des spermatogonies (cellules souches) qui se transforment ensuite en spermatocytes I qui vont subir la mitose réductionnelle de la méiose pour donner les spermatocytes II. Ces spermatocytes II vont donner les spermatides après avoir subi la mitose équationnelle. Les spermatides, qui sont en réalité des spermatozoïdes immatures, vont subir une phase de maturation, appelée spermiogenèse, pour donner naissance aux spermatozoïdes. À la sortie du testicule, les spermatozoïdes, bien que morphologiquement différenciés, sont donc immatures et non fertiles et vont le devenir lors du passage dans l’épididyme (qui correspond au canal épididymaire, long tube pelotonné sur lui-même). Les spermatozoïdes transitent ensuite dans le canal déférent jusque dans la prostate.

Une méthode contraceptive vise à éviter la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. Elle doit présenter quatre critères incontournables:

• efficace
• réversible
• acceptable
• faible coût

L’indice de Pearl et le seuil contraceptif :

définitions

Comment mesurer l’efficacité d’un moyen de contraception ? Un chercheur américain, Raymond Pearl, a proposé un indice statistique pour déterminer le nombre de grossesses non désirée par rapport au nombre de grossesses évitées sur une année. Cet indice exprime le taux d’échec d’une méthode contraceptive. Nous proposons une autre façon de quantifier l’efficacité des moyens de contraception, ainsi qu’une réévaluation du seuil contraceptif dans le comptage des spermatozoïdes présents dans un éjaculat.

L’indice de Pearl : une statistique qui mesure l’efficacité d’une contraception.

Cette indice statistique date de 1933, c’est le scientifique américain Raymond Pearl la formule. Il correspond au pourcentage de grossesses non désirées pour cent femmes ayant opté pour le même moyen de contraception durant une année complète.

“L’efficacité d’une méthode contraceptive est évaluée par l’indice de Pearl (IP) calculé par la formule suivante : IP (%) = [(nombre de grossesses non planifiées/nombre de mois d’utilisation d’une méthode contraceptive) × 1 200]/100.”

Extrait Association Française d’Urologie – Référentiel du Collège – Contraception masculine

“L’efficacité théorique d’une méthode contraceptive se mesure par l’indice de Pearl, indice théorique égal au pourcentage de grossesses “accidentelles” sur un an d’utilisation optimale de la méthode.

À titre d’exemple, un indice de Pearl = 2 signifie que 2 femmes sur 100 utilisant la méthode contraceptive analysée pendant un an ont été
enceintes dans l’année.

On compare cette efficacité théorique, consécutive à l’usage correct de la méthode à l’efficacité pratique, calculée sur l’ensemble de l’échantillon, y compris les couples n’ayant pas respecté la méthode (oubli de prise de la pilule, usage incorrect du préservatif, etc.) Ceci permet
d’évaluer le risque de grossesse propre au moyen contraceptif lui-même et le risque propre à son utilisation dans la vie courante. Un écart important entre l’efficacité théorique et l’efficacité pratique est généralement dû à une utilisation complexe ou contraignante du moyen contraceptif. Ainsi, l’écart entre l’efficacité théorique et pratique est particulièrement grand pour la pilule (en raison des oublis), pour les préservatifs (à cause des ruptures ou des mises en place incorrectes) et pour les méthodes naturelles (en raison des difficultés liées aux
contraintes d’auto-observation).”
Extrait HAS – Haute Autorité de Santé – Efficacité des moyens contraceptifs

Pourquoi nous proposons une autre méthode de comptage ?

L’indice de Pearl, comptabilise donc les échecs. Pour une approche plus positive, nous allons inverser le comptage et proposer le nombre de grossesses non désirées réussie. Comme l’Office Mondial de la Santé, au lieu de dire que par exemple l’indice est de 1, nous dirons que
l’efficacité est de 99%. Pour rappel, si vous n’utilisez aucune méthode, vous avez 85% de probabilité théorique et pratique de concrétiser votre désir d’enfant.

La création d’un nouvel indice statistique non plus basé uniquement sur le risque de grossesse non désiré, mais aussi sur l’acceptabilité de la méthode, son impact écologique, sa praticité dans la vie quotidienne, et sa sureté au regard de sa réversibilité et de ses potentiels effets secondaires et indésirables, pourraient aider à la prise de décision.

Le seuil contraceptif : 1 million de spermatozoïdes par ml garanti un risque minimal de grossesse
C’est la concentration de spermatozoïdes en million par ml sur éjaculat, en dessous duquel, le risque d’une grossesse non désirée tend vers 0.
Il est délicat à déterminer avec précision, car pour ce faire il faudrait que les couples réalisent des grossesses avec des concentrations de spermatozoïdes très basses. C’est pour cela que le seuil annoncé de 1 million/ml est extrêmement bas pour prendre un maximum de précaution.

Il est bon de rappeler qu’aucune méthode de contraception n’est sûre à 100%. Même la vasectomie n’a qu’un indice de Pearl à 99.9%.

Quelques chiffres pour comprendre en quoi la valeur de 1 million/ml garantit un risque minimal:

• 1 grossesse non désirée sur plus de 1331 cycles d’exposition en essais cliniques, suite à une mauvaise utilisation de la méthode.
• Le seuil d’infertilité est de 15 millions/ml et une mobilité progressive supérieure à 32%. Cela signifie qu’en dessous de ce seuil, il est difficile de faire un enfant.
• Une étude de l’OMS sur l’infertilité sur 4500 garçons de 14 pays ayant eu un enfant dans les 12 mois précédents, montrent qu’en dessous de 5 à 6 millions/ml, la probabilité de faire un enfant est proche de 0. L’étude termine en donnant une limite, qui est celle du
test de paternité qu’il aurait pu être envisagé de pratiquer sur le faible nombre d’enfants nés avec des garçons ayant des concentrations inférieures à 5 millions/ml.
• Le seuil officiel de l’OMS pendant de nombreuses années était de 3 millions/ml et une mobilité progressive inférieure à 10%.
• Depuis quelques années, ce seuil fut abaissé pour toutes les pratiques contraceptives à 1 million/ml et une progressive inférieure à 10%.

Labrit Maxime 15-06-2019