Thoreme

Journal de mon expérience de contraception hormonale masculine

La contraception est une affaire de couple.
Mais il faut avouer que nous autres les hommes, nous avons une fâcheuse tendance à laisser cette « charge mentale » à nos chéries. Les mentalités n’évoluent que doucement, et les contraceptions « invasives » restent habituellement un fardeau réservé aux femmes.
Pourtant il y a tout à fait moyen d’y prendre notre pleine part…
Pour moi, tout a donc commencé il y a deux ans et demi, lorsque ma moitié m’a mis le couteau sous les roubignoles : «
Marre de flipper chaque fois qu’on baise, soit tu te fais vasectomiser, soit je me fais ligaturer les trompes ! ».

Nous sommes un couple de quarantenaires et parents d’une grande fille qui nous suffit largement. Hors de question de revivre les charmantes premières années d’un enfant, avec les nuits blanches, les couches, la bouillie sur les murs et la no-life sociale que cette période bénie engendre.
Ma compagne en avait marre de prendre des hormones, et après avoir un temps testé : le stérilet, les ovules spermicides, les capotes,  Ogino,  le retrait, rien ne nous convenait, soit trop agressif, soit tue l’amour, soit pas assez efficace pour dissiper la crainte du polichinelle dans le tiroir.
Je voulais donc bien essayer de faire ma part à mon tour. Mais de là à laisser un médecin approcher un scalpel de mes testicules, c’était « niet ! »
Pas chaud non plus à l’idée qu’elle se fasse charcuter la zone ovaro-utérine, d’ailleurs.

J’avais ouï dire depuis quelques années qu’une méthode hormonale fiable existait pour les hommes, et je suis donc allé à la pêche aux infos auprès de l’association ARDECOM, qui milite pour le développement des méthodes de contraception masculines alternatives (vasectomie, slip chauffant et contraception hormonale masculine -CHM-).
J’ai été très bien accueilli et j’ai pu joindre leur président par téléphone, qui m’a donné toutes les explications nécessaires sur cette méthode (qui est expérimentée avec succès depuis plus de trente ans !), ainsi que le contact d’un des seuls spécialistes français de la question, le Docteur Soufir, andrologue à Paris.

Rendez-vous pris avec ce médecin (fin 2018), je me rends à Paris depuis le Pas-de-Calais où je réside. Le billet de train coûte un bras, mais je n’ai pas à me plaindre, je n’habite pas si loin que ça, et j’ai trouvé un plan gratuit pour l’hébergement sur place.
Le bonhomme est assez âgé, il doit avoir passé l’heure de la retraite depuis un moment, mais il est d’un abord aussi sympathique que professionnel.
Après m’avoir posé les questions éliminatoires (conditions médicales rédhibitoires : apnée du sommeil, problèmes vasculaires, cardiaques, hépatiques, hormonaux, psychiatriques…) et pratiqué l’auscultation classique (poids-cœur-poumons-tension), vient le moment du questionnaire motivationnel.
C’est là que ça se corse. J’ai la quarantaine passée. Et du coup il fait tout pour me pousser vers la vasectomie, moins risquée selon lui et plus adaptée à mon âge. Ou vers le slip chauffant.
Mais pas fou, je m’y attendais (merci ARDECOM) et je lui dame le pion : j’ai des soucis testiculaires qui peuvent constituer des contre-indications à ces méthodes (kyste, arrachement, varicocèles…) et je souhaite en cas de régression masochiste sur le tard, pouvoir revivre les joies d’une nouvelle paternité. Et puis dans ma tête rétrograde,  la vasectomie est une mutilation, point barre. Pour finir d’enfoncer le clou, j’évoque ma ferme volonté de partager cette charge avec ma compagne, par prise de conscience antisexiste (et je pense que cet argument « politique » a achevé de le convaincre).

Assuré de ma motivation, il accepte donc de lancer la procédure et m’explique les étapes suivantes : Examens sanguins (formulation/numération, marqueurs hépatiques et surtout dosage de la testostérone), et un premier spermogramme (eh oui, il va y en avoir plusieurs). Et je dois faire tous ces examens dans des laboratoires bien précis, à Paris. Il ne jure que par ceux-là, il est hors de question qu’il fasse confiance à un petit labo de province qu’il ne connaît pas. Le calcul des frais SNCF que je vais devoir sortir me donne un peu mal à la tête, mais je ressors de son cabinet avec le sourire malgré tout.

La semaine suivante, je reviens donc à Paris pour mes examens, la prise de sang  est rapide et anodine ; là où cela devient un peu délicat c’est pour le deuxième examen : le spermogramme.
Je suis reçu à l’hôpital Cochin, au Laboratoire de Biologie de la Reproduction. J’ai un peu l’impression d’être un extraterrestre, car c’est l’endroit où se rendent les couples qui n’arrivent pas à avoir des enfants, il y a des affiches sur le don de gamètes sur tous les murs, et moi je viens pour justement ne plus avoir ni de gamètes, ni de gosses.
Le temps de la petite gêne du questionnaire médical avec la secrétaire passé, vient celui de la grosse gêne, le spermogramme en lui-même.
La secrétaire m’accompagne sans une pièce aseptisée de 6m², avec banquette, posters érotiques, lavabo et écran plat. Elle m’explique le fonctionnement du lecteur vidéo qui me permettra de choisir un film porno à mes goûts si je le souhaite (teen, gangbang, faciale, sodo etc…), m’explique comment me décontaminer le gland avant de le stimuler, comment signaler au laboratoire qu’ils peuvent récupérer « mon prélèvement », puis elle me laisse seul avec l’épreuve de l’éprouvette que je dois remplir de semence.
La mission n’est pas aisée. Malgré le porno, l’abstinence préalable obligatoire de cinq jours, l’envie de vite et bien faire, c’est extrêmement  difficile de maintenir une érection et de prendre du plaisir lorsqu’on est seul dans un endroit qui sent le Dakin et où l’on devine les va-et-vient et conversations des personnels médicaux ou des patients de l’autre côté de la porte.
Après une bonne grosse demi-heure de turgescences et de débandades, l’effort paye enfin et je réussis à lâcher mes 6,5 millilitres de  sperme dans l’éprouvette (et quelque gouttes à côté), je la range dans le réceptacle indiqué, j’appuie sur le bouton du labo, et je quitte les lieux avec le sentiment du devoir accompli (et la verge sérieusement écorchée par ce trop long rapport sexuel à sec avec ma main droite).

Mes résultats d’examens reçus, je revois le médecin un mois plus tard.
Tout va bien, mon bilan sanguin est au top et je suis très fertile, on va donc pouvoir commencer le traitement.  « Pas plus de 18 mois » me précise-t-il, « et vu votre âge je ne renouvellerai pas le traitement au-delà, après il faudra envisager d’autres méthodes ».
Il me prescrit de l’Androtardyl, une forme huileuse de testostérone injectable, qui est normalement utilisée pour les personnes qui ne produisent pas assez de testostérone naturellement ou pour les trans qui suivent un programme de réassignation FTM.
Une injection intramusculaire dans les fessiers toutes les semaines, il me prescrit le produit et les soins infirmiers pour 4 mois. J’aurai un spermogramme de contrôle à effectuer au bout de 3 mois et un deuxième juste avant notre prochain rendez-vous. Des prises de sang aussi pour vérifier que je tolère bien le traitement. Je le sens bien passer, à ce moment-là, le transfert de charge mentale…
Il me précise enfin que la prescription sera « hors AMM », ce qui signifie que je devrai payer mon traitement de ma poche. Ce n’est « que » 40€ par mois, mais ajouté aux frais de transport, la CHM n’est décidément pas pour toutes les bourses !

11/03/2019
L’administration du traitement n’est pas ce qu’il y a de plus agréable, prendre une aiguille de 4cm dans la fesse chaque semaine n’est pas ce que je qualifierais d’anodin, mais on s’y fait.
Les effets secondaires sont plutôt bénins, voire positifs : légère prise de poids (on fait du muscle plus facilement), ossature renforcée, acné localisé sur le torse et le haut du dos, légère pousse de poils supplémentaires, libido augmentée, meilleur sommeil, énergie augmentée. Bref, ça tombe bien, je suis glabre, maigrichon (pas sportif pour un sou) et insomniaque. Et la cicatrisation de ma tendinite à l’épaule me semble s’être accélérée. A part l’acné et le mal aux fesses, donc, ça va.
Il est par contre possible d’avoir des effets négatifs au niveau sanguin (trop de plaquettes et globules rouges, anomalies des lipides), de devenir agressif, de se choper une calvitie ou d’avoir une inflammation du foie, mais c’est rare, je n’ai pas subi ce genre de désagréments à ce jour.

Et ça marche !!
Le principe est simple : l’apport artificiel de testostérone trompe le système central de régulation des hormones, qui en retour ordonne aux testicules de se mettre au repos : ils ne produisent plus ni testostérone, ni spermatozoïdes.
Cela m’amène au dernier effet secondaire, c’est qu’on a les coucougnettes qui diminuent de volume et qui se sentent beaucoup plus zen avec ces vacances forcées. Et c’est plutôt confortable à vrai dire.
Il faut un délai de quelques semaines après le début du traitement pour finir d’écouler le stock de gamètes, mais une fois que c’est fait, on devient ainsi stérile ou presque, et c’est pleinement réversible à l’arrêt du traitement.
Le spermogramme à trois mois indique que je réponds bien au traitement, le volume de sperme reste normal, mais je n’ai presque plus de spermatozoïdes, et les quelques-uns qui subsistent sont en si mauvais état qu’ils sont incapables de se déplacer jusqu’à l’ovule le plus proche.
Le dernier spermogramme est encore plus catégorique : après quatre mois de traitement, je suis devenu azoosperme : je ne produis plus aucun spermatozoïde, je suis stérile.

Le Docteur Soufir a donc renouvelé sa prescription, par périodes de quatre mois. Au bout de deux renouvellements, j’ai tenté de faire prendre le relais par mon médecin de famille (Dr T.) pour ne plus avoir à me déplacer à Paris.
Mais la méconnaissance de cette méthode et la parano judiciaire des médecins ont eu raison de mes espoirs : trop peur de se tromper, de se faire taper sur les doigts par l’Ordre des Médecins ou les contrôleurs de la Sécu, et puis « c’est dangereux d’administrer des hormones comme ça, il pourrait y avoir des effets secondaires, vous devriez plutôt faire une vasectomie».
Les patientes sous pilule contraceptive apprécieront cet avis tranché…

Finalement, j’ai réussi à sensibiliser le médecin chef  du Centre de Planification Familiale local à ma cause, et il a accepté de prendre le relais des prescriptions. Finis les frais de transport pour Paris, et cerise sur le gâteau, il a cessé d’inscrire « hors AMM » sur mes ordonnances, donc je suis remboursé.
Par contre, il m’a fallu accepter d’avoir un toucher rectal deux fois par an, pour qu’il puisse s’assurer que le traitement ne nuit pas à ma prostate. Pas pire que l’examen gynéco semestriel des femmes sous pilule, si on y réfléchit.

Enfin, la limite des dix-huit mois maximum de traitement a été dépassée, elle n’est en effet qu’une précaution liée à la durée des expérimentations cliniques qui ont été faites jusqu’ici.
Mais lorsqu’on sait que les injections de testostérone détournées sont utilisées au long cours par certains hommes âgés « de la bonne société » en tant qu’élixir de jouvence, cela permet de relativiser les risques que je prends avec cette entorse au contrat initial.

J’en suis aujourd’hui à deux ans passés de CHM, je n’ai pas eu de nouveau gamin et je n’ai pas peur d’en avoir chaque fois que ma compagne est en période d’ovulation.
Les effets secondaires évoqués précédemment sont là, du coup il faut que je m’éclate un spot sur le torse de temps à autre, ma libido agace parfois ma compagne lorsque la sienne ne suit pas, et j’ai parfois après l’injection hebdomadaire des érections matinales un peu trop persistantes pour un gars de mon âge. Un revival de l’adolescence, rien de dramatique quoi, et c’est même plutôt sympa à vivre.

Ma compagne n’a plus à s’inquiéter de sa contraception et des éventuelles conséquences de nos parties de jambes en l’air, elle n’a plus de migraines ou de pertes de libido liées à la pilule, bref, elle est plus zen avec ça.
J’escompte pouvoir continuer ce traitement tant qu’elle ne sera pas ménopausée, et je le conseille à tous les mecs (en couple ou pas) qui souhaitent prendre en main leur fertilité et les risques de paternité non désirée que leur sexualité leur fait courir.

J’espère que cette méthode se démocratisera, j’essaie de faire avancer sa médiatisation en écrivant cet article, en diffusant l’information autour de moi, et en y sensibilisant tous les médecins que je rencontre.
A ce propos il est à signaler que l’association ARDECOM propose également des formations sur la CHM à destination des professionnels de la santé.

Pour aller plus loin : ARDECOM : www.contraceptionmasculine.fr

 

Mise à jour du 23/03/2023

Aujourd’hui, au bout de 4 ans, fin annoncée de ma contraception hormonale.
J’y reviens ci-après. Je vais juste poser quelques étapes chronologiques :

– 19/01/2021 : Le médecin chef du Centre de Planification a passé la main à une de ses subordonnées, pour des raisons d’organisation de son service.
Cette dernière me verra une unique fois, elle accepte difficilement (il me faut beaucoup argumenter) de me renouveler le traitement Androtardyl une seule fois, car j’ai dépassé les 18 mois de traitement et que les études publiées sur cette méthode ne sont pas allées au-delà.
Il me reste 3 mois pour trouver un relais auprès d’un médecin spécialisé.

– 18/02/2021 : Le Dr E., endocrinologue, accepte de me recevoir et prend le relais de la prescription. Elle me prescrit le traitement pour un an. L’ordonnance est par contre en « hors AMM », la pharmacie ne me délivre plus le traitement en tiers payant, mais la Sécurité Sociale continue à me rembourser sur envoi des feuilles de soins que la pharmacie me délivre (il s’agît sûrement d’une erreur de leur part, suite à la prescription sans la mention « hors AMM » des médecins du CPEF, cela m’arrange car le traitement coûte un peu plus de 300€ par an).

– 10/03/2022 : Ma méthode de contraception me va toujours bien, les analyses de sang sont normales, pas d’effets secondaires gênants, sauf parfois lorsque je suis un peu trop « dosé » : j’ai des petits priapismes nocturnes qui cèdent au bout de quelques minutes de réveil, j’adapte la dose à la baisse la semaine suivante et cela s’équilibre sans problème.
Le Dr E. me renouvelle le traitement pour un an, en me précisant toutefois que cette prescription n’ira pas au-delà de mes 50 ans en raison de ses craintes en matière de risque de cancer. Je n’ai que 46 ans, cela me laisse encore quelques années devant moi.

– Juin 2022 : Mon médecin traitant (Dr T.) a malgré elle été impliquée dans un trafic de fausses ordonnances au profit d’une infirmière à domicile véreuse. Sa responsabilité est dégagée après enquête de la police et de la Sécurité Sociale, mais elle s’inquiète énormément de toute prise de risque professionnelle par rapport aux contrôles éventuels de la Sécu.
Elle me signifie donc que mon ordonnance d’Androtardyl étant « hors AMM », elle refuse désormais de me prescrire les injections hebdomadaires par les infirmières qui me suivent depuis 3 ans. De même, elle accepte de me prescrire les patchs anesthésiants que j’utilise pour moins souffrir des injections, mais me demande de dire à la Sécurité Sociale que c’est en vue de faire des tatouages, si par malheur j’étais sujet à un contrôle de leur part.

– Juillet 2022 : Je n’ai plus d’infirmières pour me faire les injections. J’ai un niveau de 2ème année d’études d’infirmier, je connais le geste technique, je commence donc à m’injecter seul. En intramusculaire dans les fessiers cela n’est pas évident ni pratique, mais j’y arrive, moyennant une bonne dose de stress sur les dix ou quinze premières injections. L’habitude venant, et m’étant aperçu que je pique relativement mieux qu’une de mes deux infirmières (elle était stressée par le geste technique et donc ne piquait pas toujours bien), l’injection du lundi soir devient une routine. Parfois un peu de stress, mais dans l’ensemble je m’en sors bien, et puis quelque part c’est positif car je m’autonomise (plus de RDV à respecter avec les infirmières, mon heure d’injection s’adapte à mon planning travail/famille et non plus le contraire).

– 27/02/2023 : Dernière délivrance mensuelle de mon Androtardyl à la pharmacie. Le pharmacien me prévient  qu’il ne pourra pas me délivrer de feuille de soins, car il a été contacté par le service de contrôle de la Sécurité Sociale, qui lui a demandé de cesser de me délivrer ce document, mon ordonnance étant « hors AMM ». Mon traitement va donc désormais me coûter 36€ par mois, et je suis susceptible de me faire mettre en recouvrement contentieux par la Sécurité Sociale pour les sommes indûment perçues les années précédentes.

– 23/03/2023 : Rendez-vous avec le Dr E. pour mon renouvellement. Je suis confiant : Mes analyses sanguines sont bonnes, pas de souci à la prostate, pas de souci au foie, le seul marqueur un peu élevé est au niveau du ratio de fer dans le sang, mais ce n’est pas à un niveau pathologique. Toujours pas d’effets secondaires gênants, l’auto injection est désormais bien maîtrisée et me convient bien.
A peine entré dans le cabinet médical, je tombe de haut.
Le Dr E. me signifie qu’elle ne me recevra pas en consultation.
Le médecin contrôleur de la Sécurité Sociale lui a adressé un recommandé AR me concernant, elle a donc pris la décision de ne plus me prescrire ma contraception.
J’essaie d’en savoir plus sur ce qui lui a été reproché, mais elle est fermée comme une huitre et me signifie juste que je n’aurai plus d’ordonnance de sa part.
Je quitte son cabinet dépité, non sans lui avoir fait part de mon incompréhension et de ma déception quant au niveau de courage et d’engagement insuffisant des femmes médecins à qui j’ai eu affaire durant mon parcours.

– 25/03/2023 : Contact avec le Dr A. de Toulouse, médecin andrologue d’un service spécialisé prescripteur de méthodes thermiques et marginalement de méthodes hormonales. Mon récit ne l’étonne pas, il me dit que son service reçoit régulièrement des lettres recommandées de la Sécu concernant les prescriptions d’Androtardyl, auxquelles il est contraint de faire réponse pour justifier du bien-fondé de la prescription. En effet, dès que les médecins conseil de la Sécurité Sociale voient de l’Androtardyl hors AMM, ils soupçonnent immédiatement un usage détourné pour dopage ou trafic.
Refus de prendre le relais de ma CHM, pas de primo-prescription en consultation visio, et il considère que passé 40 ans cette méthode n’a pas été étudiée et doit donc n’être pas proposée. Il me suggère de me renseigner sur la vasectomie, d’utiliser des préservatifs ou d’être abstinent.

– 29/03/2023 : La fin du traitement approche inexorablement. Je pars à la recherche d’informations sur ce qui m’attend.
Un connaisseur d’un des milieux où se pratique le plus la supplémentation en testostérone (gérant de magasin de compléments pour culturistes) me dit qu’à l’arrêt de la testostérone au long cours, pour les hommes de plus de 45 ans (mais heureusement cela concerne les doses de bodybulders donc supraphysiologiques ++) certains culturistes ont un hypogonadisme chronique, ce n’est pas obligatoire, mais cela peut arriver et être durable. Il me conseille une supplémentation en vitamine D et en tribulus et m’évoque un traitement de choc qui existe en cas de difficulté de redémarrage de la production de testostérone endogène: Le Pregnyl (HCG) ou son équivalent toujours commercialisé (Ovitrelle).
Je creuse un peu sur Internet, et effectivement les taux de testostérone peuvent mettre un, trois, 6, 12 ou 24 mois à remonter chez les hommes qui ont abusé de stéroïdes (dont testostérone) au long cours. Voire dans certains cas cliniques, à 36 mois ils étaient toujours sous la normale. La prescription d’Ovitrelle est compliquée à avoir (parcours thérapeutique en RTU) mais possible. J’espère que je n’aurai pas à en passer par là, et que je répondrai aussi bien à l’arrêt que j’ai répondu à la mise en route.
J’ai un échange téléphonique avec un contact qui m’a été donné dans les milieux parisiens qui militent pour la contraception masculine. Notre échange est peu fructueux en matière de pistes de relais de prescription, mais il me rassure sur les “difficultés de redémarrage” et je suis son conseil de m’inscrire sur un groupe de discussion en ligne sur le sujet.

– 30/03/2023 : Ma demande de conseil sur le groupe en ligne a débouché sur une suggestion unanime: recontacter le Dr Soufir pour l’informer de mon expérience de dépassement des 18 mois. Je suis ce conseil malgré la crainte de me faire engueuler d’avoir dépassé la durée prescrite, et lui envoie un courriel.

– 02/04/2023 : Le Dr Soufir a été très réactif, nous avons échangé plusieurs courriels depuis vendredi. Je lui communique des informations sur les effets que le traitement a eu sur moi, ainsi que les analyses biologiques dont je dispose sur la période.
Il est plutôt rassurant sur l’ensemble de mes questionnements et me propose un protocole de surveillance mensuelle de certains paramètres hormonaux (testostérone, LH, FSH) et biologiques (spermogrammes) à l’arrêt du traitement.

– 03/04/2023 : Dernière injection d’Androtardyl.
Je retrouve les mails de réponse du contact appartenant au collectif parisien dans mon dossier spam. Il se veut plutôt rassurant sur l’après, et me cite une étude qui conclut que les effets secondaires du sevrage sont inexistants ou minimes chez les “utilisateurs normaux” comparativement aux “abuseurs” (dopage) qui prennent des doses 3 fois à 20 fois supérieures.
Il me donne des contacts pour tenter de trouver un relais ou de convaincre le Dr E., mais je pense que c’est clairement trop tard, j’ai intégré le fait de cesser le traitement.
Il me transmet également le lien vers le fabricant du slip chauffant USB, je vais peut-être explorer cette piste.

– 07/04/2023 : Début de supplémentation quotidienne en vitamine D (35µg / 1400UI) et en zinc (30mg).

– 10/04/2023 : Premier lundi sans injection depuis 4 ans.

– 13/04/2023 : Réception de l’ordonnance d’examens du Dr Soufir.
Pas de signes particuliers de sevrage, excepté une légère fatigue en fin de journée.

– 18/04/2023 : Début de supplémentation en tribulus terrestris (extrait 20:1 40g equ. fruits).

– 20/04/2023 : Fatigue plus marquée depuis plusieurs jours. Libido spontanée faible, malgré tout, plusieurs rapports sexuels sans “pannes”, mais anorgasmiques, la semaine passée.

– 25/04/2023 : Fatigue très marquée. Libido très faible. Lutte contre un état dépressif qui s’installe.

– 29/04/2023: Je pense avoir passé le “creux de la vague”, ma forme remonte, mon moral commence également à s’améliorer de manière perceptible. Début d’une cure d’ashwaghanda (5g par jour, le soir).

– 03/05/2023: Forme et moral OK. 5ème jour d’abstinence en vue du spermogramme. Douleurs testiculaires irradiant dans le bas-ventre (type colite) +++. Cela fait 4 ans que je n’avais pas ressenti ce type de douleur congestive caractéristiques de périodes trop longues sans éjaculation. C’est probablement le signe que “la machine s’est bien remise en route”, c’est à peine supportable (prise d’antidouleurs et d’antispasmodiques le soir) mais c’est plutôt positif, vu sous un angle purement fonctionnel.

– 04/05/2023: Spermogramme et bilan sanguin hormonal ce matin. Comme anticipé, les douleurs disparaissent ensuite petit à petit dans la journée. Résultats du spermogramme sous 3-4 jours et du bilan hormonal sous une semaine.

– 05/05/2023: Le spermogramme est déjà arrivé. Toujours en azoospermie. Un peu dépité, même si je m’y attendais, il va falloir que je me coltine au moins un autre spermogramme.

– 10/05/2023: Le bilan hormonal est incomplet, mais les premiers résultats sont arrivés:
FSH OK : 7.1 mUI/mL (12/2018 : 2.8 mUI/mL)
LH OK : 5.6 mUI/mL (12/2018 : 5.1 mUI/mL)
Testostérone encore faible : 3.16 ng/mL (12/2018 : 7.82 ng/mL)

– 22/05/2023: Fin du bilan hormonal:
Testostérone biodisponible : 0.43 ng/mL (12/2018 : 0.57 ng/mL)
La fatigabilité a diminué même si je ne me sens pas “au top” pour le moment. Mais rien à voir avec l’état dans lequel je me sentais il y a un mois. Au niveau humeur, cela tend vers un retour à la normale. La libido est toujours faible, même si cela s’améliore un peu.
Nous commençons à faire attention lors de nos rapports, ne sachant pas quand cela deviendra risqué au niveau fertilité. La reprise de pilule étant proscrite pour ma femme qui a plus de 40 ans (“trop dangereux à cet âge”, dixit le Dr Soufir), nous optons pour les crèmes spermicides.

– 15/06/2023: Bilan biologique à 2 mois:
Toujours en azoospermie.
FSH à 8.5 mUI/mL
LH à 5.4 mUI/mL
Testo biodisponible à 0.63 ng/mL
Le labo a oublié de demander la testostérone totale.
Forme + moral + libido OK

– 12/07/2023: Arrêt des complémentations (vitamines & tribulus).

– 02/08/2023: Bilans biologiques:
LH et FSH à 7.8 mUI/mL
Testostérone à 5.90 ng/mL (dans les normes pour un homme de mon âge)
Testo biodisponible à 0.86 ng/mL (au dessus du taux d’avant ma contraception)
La spermatogenèse a repris, la concentration est encore faible (6.60 millions/mL, la normale étant >15M/mL), avec seulement 2% de formes typiques (la normale est >4%).

– 06/09/2023:
Spermogramme: 18 M/ml, la numération est moindre qu’avant le traitement (89 M/ml), mais elle est >15 M/ml donc à nouveau dans la norme; idem pour les formes typiques qui à 6% sont repassées au-dessus des 4%.
J’espère que ces résultats suffiront au Dr Soufir pour que nous arrêtions les bilans mensuels.
FSH 7.4 mUI/mL
LH 8.6 mUI/mL
Testostérone à 7.19 ng/mL
Testo biodisponible à 0.87 ng/mL

Le docteur Soufir me confirme que pour lui le suivi n’est plus nécessaire. Il me recontactera sans doute prochainement dans le cadre de ses études.

 

Axel – 10-2023